Etienne, fait partie de la première génération d'enfants implantés

- À quel âge avez-vous été implanté ?

 À l’âge de 2 ans, en mars 1993. J'étais devenu sourd suite aux effets secondaires du traitement contre la méningite à pneumocoque que j'avais contractée à l’âge de 6 mois.

Quel type d'implant avez-vous ?

Implant cochléaire (Nucleus 22) avec processeur CP 910.

Vous souvenez-vous de votre vie avant les implants et des premiers moments après l'intervention ?

Non, je n'ai aucun souvenir, ni avant l’implant, ni après la pose… Mais on m'a dit qu'avant l’implantation, je portais des prothèses et qu'elles étaient visiblement peu efficaces car je ne répondais pas au bruit.

Comment vivez-vous votre vie d'implanté ?

Très bien ! Je me demande plutôt ce que serait ma vie de « non implanté ». Est-ce que je m’en serais aussi bien sorti ? Comment aurais-je réussi ma carrière sans mes implants ? Serais-je aussi bien inséré socialement ? Sincèrement, je ne pense pas.

J’admire mes parents qui ont fait ce choix incroyable surtout après que j’ai « survécu » à une méningite à pneumocoque à l’âge de 6 mois. Décider de m'implanter en 1993, alors que la technologie de l’implant était encore mal connue a dû être un choix et un défi très difficiles pour eux. Je fais partie de la première génération d'enfants implantés. J'ai eu la chance d'avoir des parents très "aidants".

Aujourd’hui je me considère comme quelqu’un de « normal » même s’il y a des jours ou des situations difficiles. D'après moi, implanté ou non, on doit faire face aux difficultés de la vie, qui sont les mêmes pour tous. Nous, les sourds (ou les autres handicapés d’ailleurs), on se « culpabilise » de ne pas être comme les autres, de ne pas comprendre le monde qui nous entoure... On n’ose pas faire répéter les gens et on se tait pour cacher notre handicap et se confondre avec les entendants. Mais pourquoi se cacher ? On vit dans une société où les gens trouveront toujours un défaut chez les autres. Ma philosophie c’est donc de toujours rester moi même et de ne pas chercher à répondre aux attentes des gens. J’ai toujours accepté ma surdité, elle fait partie de moi et de mon caractère. Je ne peux rien y changer alors pourquoi cacher la vérité au risque de se mettre encore plus en difficulté ?

Que conseilleriez-vous aux parents d'enfants atteints de surdité ?

Ne laissez pas vos enfants se perdre dans le monde du silence et osez le défi de l’implantation ! Vous n’avez rien à perdre, et tout à y gagner ! Voici un dicton que j’aime beaucoup et qui m’a beaucoup aidé à franchir les obstacles dans la vie : « La seule limite est celle que l'on s'impose »… Alors ne vous fixez aucune limite et profitez de la technologie de l’implant qui offrira à vos enfants toutes les opportunités de la vie !

CISIC - Décembre 2017