Extrait d'un discours prononcé par Olivier lors de notre AG 2007 :

Je m'appelle Olivier et je suis heureux d'être aujourd'hui avec vous pour essayer de vous faire partager un moment d'espoir et d'encouragement.

Voilà donc quelques dates et pensées en vrac. Atteint de surdité évolutive depuis l'âge de 10 ans, j'en ai 48 aujourd'hui et probablement 48 cheveux gris aussi...), j'ai été appareillé - mono puis stéréo - à partir de 1987 et la vie a continué assez correctement - je suis avocat) jusqu'en 1997: je plaide, je reçois mes clients, je téléphone, je sors beaucoup, etc.

1997: perte brutale des aiguës et des moyennes à l'oreille gauche, sans que les traitements habituels ne rattrapent quoi que ce soit (cortisone, notropil, etc.).

 

La vie continue en mono sans trop grand problème (mais j'ai plus difficile pour plaider par ex.).

Re-belote en novembre 2001 à l'oreille droite: perte brutale des moyennes et des aiguës, traitement «un peu» plus efficace qui freine l'évolution jusqu'à .la mi-janvier 2002.

 

Constat à cette date: téléphone impossible, compréhension quasi nulle de mes associés, secrétaires et clients. Je fais bien évidemment une croix sur le palais.

 

Surtout, et c'est le plus grave, je fais également une croix sur toute communication utile avec mes deux enfants que je ne vois déjà que tous les quinze jours en raison de ma situation familiale.

 

Décidé depuis 97 à me faire implanter «le jour venu», je passe tous les examens utiles et suis opéré le 11.03.2002.

Premier branchement le 15 avril 2002 avec un Nucleus Contour Esprit 3G.

 

Rééducation avec la logopède déclarée terminée assez rapidement: au bout de deux mois, je «restituais» sans faute les yeux fermés un texte à l'allure de 120 mots-minute, dans un environnement calme évidemment! .

 

Un mois plus tard encore, la situation était la suivante: .

- conversation courante: ok

(en milieu bruyant: satisfaisant)

-          téléphone fixe: ok, mais avec des difficultés à comprendre les noms propres

-          - Gsm: ok

- TV: Claire Chazal m'a posé pas mal de problèmes mais PPDA est «passé» bien très vite (j'aurais préféré l'inverse!).

 

Il est clair que mon modeste cas ne représente pas nécessairement la majorité, question «timing» mais je crois qu'il est important que l'on sache que cela arrive aussi.

 

Des discussions que j'ai eues avec toute mon équipe que je ne remercierai jamais assez, je retiens l'importance d'un «entraînement» personnel intensif: aide-toi, le ciel t'aidera.

 

Deux, trois idées que j'ai mises en pratique dès le début: radio et CD « obligatoires » dès que je suis en voiture, le plus de JT le soir, et toutes les séries « rasoirs » sous-titrées télétexte que je commençais avec les sous-titres pour m'habituer aux voix et que je continuais « au son » au bout d'une vingtaine de minutes.

 

Pour le téléphone, je me suis mis d'accord dès le début avec trois copains (trois voix différentes donc) pour se raconter chaque jour la journée: le ridicule ne tue pas entre amis et la confiance revient donc plus vite.

 

Je crois que c'est ce dernier point le plus important: nous pouvons arriver ainsi à nous mettre volontairement dans des situations difficiles et nous « entraîner sans peur et sans reproche»!

 

Et cela en s'apercevant, parfois avec étonnement, que comme pour tout apprentissage, les progrès continuent jour après jour et se poursuivent encore aujourd'hui.

 

Des discussions que j'ai eues avec toute mon équipe que je ne remercierai jamais assez, je retiens l'importance d'un «entraînement» personnel intensif: aide-toi, le ciel t'aidera.

 

Deux, trois idées que j'ai mises en pratique dès le début: radio et CD « obligatoires » dès que je suis en voiture, le plus de JT le soir, et toutes les séries « rasoirs » sous-titrées télétexte que je commençais avec les sous-titres pour m'habituer aux voix et que je continuais « au son » au bout d'une vingtaine de minutes.

 

Pour le téléphone, je me suis mis d'accord dès le début avec trois copains (trois voix différentes donc) pour se raconter chaque jour la journée: le ridicule ne tue pas entre amis et la confiance revient donc plus vite.

 

Je crois que c'est ce dernier point le plus important: nous pouvons arriver ainsi à nous mettre volontairement dans des situations difficiles et nous « entraîner sans peur et sans reproche»!

 

Et cela en s'apercevant, parfois avec étonnement, que comme pour tout apprentissage, les progrès continuent jour après jour et se poursuivent encore aujourd'hui.

 

J'en viens ainsi à la raison pour laquelle je suis plus particulièrement avec vous aujourd'hui: ne me regardez pas uniquement en face, ne regardez pas uniquement mon profil gauche, fixez mon profil droit. et vous aurez compris que je suis implanté à droite également depuis le mois d'août 2003.

 

Que vous en dire si ce n'est que le mot révolution me paraît bien faible pour décrire le changement d'environnement sonore qui est le mien aujourd'hui.

 

Les voix sont plus chaleureuses, j'ai retrouvé l'origine des sons (gauche - droite) et surtout ma compréhension dans le bruit - LE problème de beaucoup d'entre nous - s'est améliorée de façon spectaculaire pour moi.

 

Un exemple parmi d'autres, celui qui m'a le plus touché, c'est à mes enfants que je le dois:

Vous êtes au volant de votre voiture, vous roulez sur les pavés, et la musique « de sauvage » de vos enfants améliore encore l'ambiance vous ne comprenez donc rien sauf à regarder vos passagers en face …et plus la route !!!

 

La révolution est aujourd'hui en marche: ma fille me dit: «c'est assez surprenant pour moi, je te parle, tu regardes la route, et je suis étonnée que tu m'entendes, que tu ne me fasses pas répéter ensuite et que tu me répondes «juste»; tu entends également mon frère qui est à l'arrière» (chose impossible auparavant).

 

Autre exemple de la révolution en marche: je participe plus aisément qu'avant aux réunions de mon service-club: imaginez simplement une salle avec une mauvaise acoustique, nous sommes entre trente et quarante, et nous parlons tous en même

temps. . .

 

Vous vous posez peut-être la question: a-t-il hésité?

Avait-il encore des restes auditifs du côté droit? Etait-il encore appareillé à droite?

 

Affirmatif aux deux dernières questions: de beaux graves bien amplifiés... qui ne m'étaient d'aucune utilité pour la compréhension de mes interlocuteurs.

 

A-t-il hésité? Ah la bonne question! Faut-il attendre un nouveau progrès miracle de la technique ou de la science? Pour moi, la réponse est simple: il y aura encore des progrès mais je n'ai pas souhaité attendre - combien de temps - pour améliorer mon état.

 

Avez- vous attendu l'arrivée des écrans plats pour acheter votre première télévision?

 

Ma première expérience de l'implant m'a appris une chose merveilleuse: la souplesse de notre cerveau et son pouvoir d'adaptation et de progrès sans limites. .

 

C'est cette certitude, essentielle en considération de la technique de l'implant, qui m'a décidé sans réserve à tenter l'expérience.

 

C'est cette même certitude qui me pousse à croire qu'il ne faut pas «jongler» avec tous les réglages possibles de nos appareils (position 1, 2, etc.); avec beaucoup de persévérance, notre cerveau s'adapte à nos appareils et non l'inverse.

 

Les «normo» entendants ont-ils plusieurs réglages? Non bien sûr! Pourquoi devrions-nous nécessairement toujours «ajuster» techniquement les sons?

 

Je voudrais clôturer ce bref message sur une réflexion plus générale: je vous dis tout simplement :  Ayons confiance en nous!