Je m’appelle Michel et mon aventure avec l’implant cochléaire a commencé en automne 2017. Agé alors de 71 ans, jounaliste à la retraite depuis un an, j’ai trouvé sur internet le site du CISIC…
En 1993, à l’âge de 47 ans, on m’avait diagnostiqué une otospongiose bilatérale et j’ai été opéré d’abord à l’oreille droite, plus sérieusement atteinte. Hélas, l’opération s’est soldée par un échec : cette oreille est devenue sourde, pour une raison inconnue. Tenter d’opérer l’oreille gauche aurait été trop risqué, si bien que par la suite j’ai fonctionné avec une seule oreille. Pendant vingt ans, des aides auditives de plus en plus puissantes et de plus en plus perfectionnées m’ont permis d’avoir une activité professionnelle et une vie privée quasiment normales. Mais vers 2014 la dégradation de mon ouïe s’est accélérée, sans que mon médecin ou mon accousticien puissent m’aider. J’ai dû renoncer progressivement, malgré tous les supports FM, à la musique, au théâtre, au cinema sans sous-titres, à beaucoup de rencontres amicales, notamment au restaurant, et enfin aux activités professionnelles.


Encouragé par Catherine Daoud, la présidente du CISIC, j’ai contacté à l’hôpital parisien de La Pitié Salpétrière le Dr Isabelle Mosnier qui m’a qualifié pour l’implant dans l’oreille sourde, à droite. Le tout s’est ensuite passé merveilleusement bien : bilan pré-opératoire, consultation d’anéstésiste, opération elle-même effectuée par le Dr Mosnier le 2 février 2018 en ambulatoire. Puis, l’activation du processeur à l’hôpital vingt-six jours plus tard, suivie de séances d’orthophonie avec une spécialiste proposée par l’hôpital dans mon quartier.
Entendre d’une oreille restée sourde pendant plus de vingt ans m’a procuré une forte émotion, lors de l’activation du processeur. D’autant qu’il y avait une incertitude quant à l’état du nerf auditif resté inactif si longtemps... Or, les éléctrodes, activées une à une, ont suscité d’abord des sigaux de diverses fréquences, puis des bruissements et des piaillements. Mais quand la spécialiste qui procédait à l’activation s’est mise à parler, j’ai tout compris à travers l’implant, avec mon aide auditive coupée !
Certes, c’était encore très imparfait : comme si j’étais dans une grande piece, pleine de bruits divers, et les paroles prononcées à l’autre bout de la pièce m’arrivaient de loin. Cependant, un premier réglage effectué sept jours plus tard y a déjà apporté une amélioration, les bruits étant atténuées et les paroles devenues plus distictes. J’ai pu même, à travers l’implant seul, parler au téléphone avec mes proches, mais je n’osais pas le faire avec des inconnus.
Je me promène toute la journée avec à la fois l’implant et l’aide auditive branchés, même si la différence d’entente entre les deux me procure un léger vertige. Pendant une heure ou deux par jour, je fonctionne avec l’implant seul et je suis capable de discuter ainsi dans un environnement silencieux avec une, deux voire trois personnes. Mais dans le bruit je suis toujours perdu, même avec les deux supports.
J’attends maintenant d’autres réglages et d’autres améliorations, le tout échelonné sur une année, conscient qu’il me faudra encore beaucoup d’exercices et de patience avant de vraiment bien entendre grâce à cette ouïe artificielle, mais tout de même miraculeuse.


Mars 2018