Depuis l’âge de 30 où sont apparus des acouphènes, une surdité s’est installée progressivement et c’est ainsi qu’à l’âge de 37 ans , un audioprothésiste de Toulouse a posé une première prothèse à gauche puis une prothèse à droite l’année suivante (1997-1998).
La cause de ma surdité est inconnue bien que mon père ait fini ses jours complètement sourd et que ma soeur souffre des mêmes troubles que moi….
La correction apportée par les prothèses me satisfaisait et j’arrivais à mener une vie quasiment normale avec des activités de groupe (chorale , atelier de danses traditionnelles et lecture labiale). Dans ma vie professionnelle,(agricultrice) ce handicap ne me gênait pas
trop, sauf pour le téléphone où mon mari prenait le relais. Je dois dire haut et fort que mon mari m’a beaucoup encouragée pour participer à des repas d’associations et aussi à persévérer au sein de la chorale et je le remercie car ainsi j’ai vécu des grands moments de
convivialité et d’amitiés.


Puis, pour des raisons professionnelles et familiales, nous avons déménagé et aussi compte tenu de l’âge, j’ai été très fatiguée à ce moment là et mon audition a chuté sur les deux oreilles en même temps. Il s’en est suivi une période de plus en plus difficile pour la compréhension et, petit à petit, l’abandon des activités citées ci-dessus et lors d’un contrôle auditif chez l’ORL, il m’a conseillée de prendre un rendez-vous à Toulouse à l’hôpital Purpan pour une évaluation des critères en vue d’un implant cochléaire. A ce moment là , c’était en
juin 2017, j’ai éprouvé de la réticence, ne me sentant pas prête à franchir le pas. Puis, au mois d’août suivant, avec mes collègues de l’ARDDS PYRENEES, nous assistons à un stage à Lyon, et, c’est à ce moment là que je me suis mise à questionner une dizaine de personnes implantées sur leurs impressions et vécu de l’implant cochléaire. Elles ont toutes répondu très positivement sur ce dispositif et m’ont si bien encouragée qu’à mon retour, deux jours plus tard, mon mari a téléphoné pour un rendez vous avec le Professeur Fraysse à Purpan!!
Rendez-vous le 27 octobre, nous voici , avec mon mari, dans le cabinet du professeur. Il me demande des informations sur ma surdité ainsi que des documents (scanner ,irm, etc..), que j’avais oublié d’apporter!!! Il me dit “ Mais Madame, vous êtes venue toute nue!!” et là, je me suis dit, “il ne voudra jamais m’implanter”! Alors, j’ai commencé à argumenter, si bien qu’au bout d’un instant, il a dit aux personnes présentes à la consultation “ Tenez bien compte de la motivation de cette patiente!” et …...il a dit OUI pour l’implantation, je jubilais!!!
Bien sûr, il s’en est suivi une kyrielle de rendez-vous comme je m’y attendais car je m’étais bien informée sur le CISIC. Des examens pré-opératoires ont été nécessaires et , la date de la pose a été fixée au 3 mai 2018. La veille du jour J, je suis installée dans une chambre seule avec du personnel très adapté à mon handicap (ils articulent, parlent en face). Durant l’après-midi et en soirée, je reçois la visite de plusieurs personnes qui  s’enquièrent de ma santé (dont 2 ORL et le professeur Fraysse). Beaucoup de paroles rassurantes seront prononcées, je me sens “gonflée à bloc”!!! Et tôt le matin, après une partie de belote sur mon téléphone, je suis transférée au bloc pour la pose de la partie interne de l’implant! En fin de matinée, bien réveillée, sans aucune douleur ni vertiges, je touche sur ma tête un pansement compressif et on me dit “ c’est fini, tout s’est très bien passé”. Je remets donc ma prothèse sur l’autre oreille qui me permet d’entendre un peu et je suis restée à l’hôpital
seulement 2 jours. Retour à la maison avec le pansement maintenu par un bandeau, je suis “chic”! Il faudra le garder 10 jours après quoi les points seront retirés. Suit une période de cicatrisation de 1 mois, durant laquelle ma prothèse droite m’aide à comprendre ….le principal et aussi reprise du travail. Les 6 et 7 juin, rendez vous à Purpan pour l’activation du processeur!! A l’approche de cet événement, un sentiment de joie et d’inquiétude me préoccupent. Une orthophoniste me prend en charge et m’explique le déroulement de l’activation. Peu à peu, les 22 électrodes seront activées apportant les diverses fréquences et voilà, la machine est lancée!! Un grand moment d’émotion intense s’ensuit durant lequel je comprends parfaitement ce que me dit Mme Laborde! Imaginez plus de 20 ans sans compréhension et, d’un coup, je comprends tout, bien que ma prothèse à droite soit fermée!!
Je crois rêver debout!! Ce jour là, seul un réglage basique sera appliqué sur l’implant, et plusieurs rendez vous seront nécessaires pour “affiner” les réglages. A mon retour à la maison après l’activation, j’ai téléphoné à ma famille et mes amis sans aucun problème alors que ça faisait 20 ans que je ne pouvais pas téléphoner du côté gauche!! Incroyable!
5 mois d’orthophonie ont été programmés pour aider à la compréhension en milieu bruyant, et , à ce jour, l’orthophonie est terminée. Egalement, j’ai progressivement repris les activités, danses et chants et je savoure le plaisir retrouvé de pouvoir écouter la radio sur mon téléphone dans les vignes, grâce à un dispositif fonctionnant avec le bluetooth! J’ai seulement diminué les cours de lecture labiale car mon emploi du temps ne me le permet
plus, notez cependant que je regrette de ne pas y assister car je l’avoue, j’ai rencontré, grâce à ce handicap auditif, des personnes formidables dans l’association, des personnes sensibles et dotées d’humanisme.
Pour terminer, je dirais que je suis ravie d’avoir franchi le pas de l’implantation, je suis “à genoux” devant cette haute technologie et aussi de toutes ces personnes qui la manipulent.
MERCI
Rose-Marie Saint-Martin